1. Que mesure-t-on exactement ? “Hauteur de neige”
Quand on parle de “10 cm de neige au sol”, on parle généralement de la hauteur de neige :
c’est l’épaisseur de la couche de neige qui recouvre le sol,
mesurée du sol jusqu’à la surface de la neige,
sur un endroit représentatif (ni congère, ni plaque soufflée).
Cette hauteur de neige :
peut être totale (toute la neige présente, depuis le début de l’épisode ou de la saison),
ou neige fraîche tombée en 24 heures, par exemple.
En météo, on parle souvent :
de hauteur totale de neige au sol,
de hauteur de neige fraîche (nouvelle neige tombée),
parfois de hauteur de neige maximale atteinte pendant un épisode.
2. La méthode manuelle classique : la règle dans la neige
2.1 L’outil de base : la règle ou le jalon
La méthode la plus simple et la plus répandue consiste à utiliser :
une règle graduée (en centimètres),
ou un jalon de neige (piquet gradué, visible de loin).
Caractéristiques :
graduations bien lisibles,
longueur suffisante (par exemple 1 m, 2 m ou plus en montagne),
matériau résistant au froid et aux UV.
2.2 Sur quel support ?
Pour que la mesure soit représentative, on choisit un endroit standardisé :
sol plat,
loin des bâtiments, arbres, murs qui pourraient :
faire de l’ombre (fonte différente),
créer des accumulations de neige ou des zones soufflées,
surface de type “plancher de neige” ou planche (snow board) dans certains réseaux :
planche posée sur le sol,
de couleur souvent claire,
déplacée ou nettoyée régulièrement pour mesurer la neige fraîche.
Dans beaucoup de stations météo :
une planche de mesure est utilisée pour la neige fraîche,
une zone herbeuse ou un petit carré dédié sert de référence pour la hauteur totale de neige.
2.3 Comment on mesure concrètement ?
On se place à l’endroit choisi (zone représentative).
On plante la règle à la verticale, jusqu’au sol (ou jusqu’à la planche).
On lit la graduation au niveau de la surface de la neige :
par exemple : 12 cm, 23 cm, 47 cm…
On note la valeur, souvent arrondie au centimètre près.
Le point important :
👉 la règle doit aller jusqu’au sol.
Sinon, on risque de mesurer seulement une partie de la couche (par exemple si la règle s’arrête sur une couche de glace, ou sur une autre couche ancienne).
2.4 Faire une moyenne sur plusieurs points
La neige n’est jamais parfaitement uniforme :
le vent l’accumule à certains endroits,
la souffle à d’autres,
des irrégularités de relief jouent aussi.
Pour limiter les erreurs, on fait souvent plusieurs mesures :
par exemple 3 à 5 mesures dans un carré d’une dizaine de mètres,
on évite les zones manifestement anormales (congères, endroits soufflés jusqu’au sol),
on calcule une moyenne des valeurs.
Exemple :
1ʳᵉ mesure : 17 cm
2ᵉ : 20 cm
3ᵉ : 18 cm
→ on retiendra 18–19 cm comme valeur représentative.
3. Neige fraîche vs hauteur totale : deux choses à ne pas confondre
3.1 Hauteur totale de neige
C’est :
la hauteur de toute la neige présente au sol,
y compris :
la neige tombée les jours précédents,
la neige qui s’est tassée,
éventuellement des couches de neige ancienne recouvertes de neige récente.
Cette hauteur :
change au fil des jours,
peut augmenter (nouvelles chutes),
ou diminuer (fonte, tassement, vent).
3.2 Neige fraîche
La neige fraîche, c’est la neige tombée pendant une période donnée, souvent 24 heures.
Pour la mesurer de façon standard, on utilise souvent :
une planche horizontale posée au sol :
on enlève la neige de la planche chaque jour à une heure fixe (par exemple 7 h du matin),
on remet la planche nue,
on mesure le lendemain ce qui s’est accumulé dessus.
Ainsi :
la mesure de la neige fraîche n’est pas perturbée par :
la neige ancienne t assée,
des irrégularités du sol,
des couches de glace enfouies.
Pour résumer :
Hauteur totale = “toute la couche actuelle”.
Neige fraîche = “ce qui est tombé sur un support vide depuis la dernière mesure”.
4. Les mesures automatiques : capteurs pour suivre la neige en continu
Dans de nombreuses stations (montagne, stations météo, stations hydrologiques), on utilise des capteurs automatiques pour mesurer l’épaisseur de la neige sans intervention humaine permanente.
4.1 Capteurs ultrasoniques
Principe :
un capteur émet un signal ultrasonore vers le sol,
le signal se réfléchit sur la surface (neige ou sol),
le capteur mesure le temps mis pour l’aller-retour,
sachant la vitesse du son dans l’air (corrigée de la température), on en déduit la distance entre le capteur et la surface.
On connaît :
la distance capteur-sol sans neige,
donc, en période enneigée, la différence donne l’épaisseur de neige.
Avantages :
mesures continues (toutes les 5 minutes, 10 minutes, 1 heure…),
pas besoin d’aller sur place sous la tempête.
Limites :
le vent, le givre, la forme irrégulière de la surface peuvent perturber un peu la mesure,
il faut calibrer correctement la hauteur initiale.
4.2 Capteurs laser
Principe proche des ultrasons, mais avec un faisceau laser :
on mesure la distance capteur-surface par la réflexion d’un rayon lumineux,
précision élevée,
parfois moins sensible au vent ou aux petites irrégularités.
Utilisé notamment dans certaines stations de montagne ou pour des mesures de recherche.
4.3 “Snow pillow” (coussin de neige)
Une autre méthode, plus souvent utilisée pour le suivi hydrologique (réserves d’eau dans la neige) :
un coussin souple rempli de liquide antigel est placé au sol,
la neige s’accumule dessus,
on mesure la pression exercée par la neige sur le coussin,
cette pression est convertie en équivalent en eau et/ou en hauteur de neige (en tenant compte de la densité).
Ce système est utile pour savoir combien d’eau contient le manteau neigeux, ce qui est très important pour prévoir :
les débits de rivière au printemps,
les risques de crues,
la ressource en eau de montagne.
5. Les difficultés et sources d’erreurs
Mesurer l’épaisseur de neige n’est pas si trivial qu’il y paraît :
5.1 Le vent
Le vent :
accumule la neige en congères (tas) dès qu’il rencontre un obstacle,
balaye certaines zones jusqu’au sol.
Une seule mesure dans un endroit mal choisi peut :
donner des valeurs très surestimées (dans une congère),
ou sous-estimées (zone soufflée).
D’où l’importance :
de choisir une zone représentative,
et de faire plusieurs mesures pour faire une moyenne.
5.2 Le tassement et la fonte
La neige :
se tasse sous son propre poids,
fond partiellement en journée, regèle la nuit,
se transforme en grains plus gros (métamorphisme).
Résultat :
la hauteur de neige diminue même sans pluie,
ce qui ne signifie pas forcément qu’il “fait beaucoup plus chaud”,
mais que le manteau se compacte.
Il est donc important de :
mesurer à des heures régulières,
utiliser des méthodes comparables dans le temps.
5.3 Les obstacles et l’environnement
Les bâtiments, arbres, haies, murets :
modifient la circulation de l’air,
créent des zones d’ombre,
favorisent l’accumulation ou la fonte plus rapide.
C’est pourquoi les stations météo officielles :
placent leurs instruments dans des zones ouvertes,
à distance des obstacles,
avec des règles définies pour le site de mesure.
6. À quoi servent toutes ces mesures d’épaisseur de neige ?
Mesurer l’épaisseur de la neige, ce n’est pas juste pour dire “oh, il y a 20 cm chez moi” sur les réseaux sociaux 😊
Ces données sont essentielles pour :
6.1 La météo et le climat
suivre les épisodes neigeux en cours,
comparer les hivers entre eux (statistiques, records),
étudier l’évolution du climat (neiges plus rares, plus tardives, plus courtes, etc.).
6.2 La sécurité en montagne
préparation des bulletins d’avalanches,
connaissance de l’évolution du manteau neigeux (accumulations, couches faibles),
aide aux stations de ski pour la gestion des pistes et du damage.
6.3 L’hydrologie
estimer la quantité d’eau stockée dans la neige,
prévoir les débits de rivières au printemps,
anticiper les risques de crue ou, au contraire, les problèmes de manque d’eau.
7. En résumé
Pour répondre clairement à :
“Comment mesure-t-on l’épaisseur de la neige ?”
La méthode de base consiste à utiliser une règle ou un jalon gradué, planté à la verticale jusqu’au sol, sur une surface représentative, loin des congères et zones balayées.
On lit la hauteur de neige en centimètres, souvent en faisant une moyenne de plusieurs mesures.
On distingue :
la hauteur totale de neige (toute la couche au sol),
la neige fraîche (ce qui est tombé depuis la dernière mesure, souvent grâce à une planche de mesure).
Dans les stations modernes, des capteurs automatiques (ultrason, laser, coussins de neige) permettent de suivre en continu l’épaisseur de neige, en particulier en montagne.
Le vent, le tassement, l’environnement (bâtiments, arbres) peuvent fausser les mesures, d’où la nécessité de méthodes standardisées.
Ces mesures sont cruciales pour la prévision météo, la sécurité en montagne, la gestion des avalanches et la prévision des ressources en eau.
En bref :
mesurer la neige, ce n’est pas juste “regarder par la fenêtre”,
c’est un vrai travail de terrain, parfois aidé par des instruments sophistiqués,
pour transformer un paysage blanc en données utiles.