1. Pour qu’il pleuve, il faut deux choses
Avant de comparer les régions, rappelons la base :
Pour qu’il pleuve souvent, il faut :
Beaucoup d’humidité disponible
Mer chaude, océan proche, grands lacs, sols humides, forêts…
Un mécanisme qui force l’air à monter
Relief (montagnes),
rencontre de masses d’air (fronts),
réchauffement du sol (orages d’été),
convergence des vents…
L’air humide qui monte se refroidit, la vapeur d’eau condense → nuages → précipitations.
S’il manque l’humidité ou la montée d’air, la pluie devient rare.
Les différences de pluie entre régions viennent essentiellement de la façon dont ces deux ingrédients se combinent… ou pas.
2. Le rôle de la latitude : ceinture humide, zones sèches, régions tempérées
La Terre n’est pas chauffée de la même manière partout :
À l’équateur : Soleil quasiment au zénith → air très chaud, très humide → forte convection → orages fréquents → climats tropicaux très arrosés.
Aux latitudes subtropicales (environ 20–30° de latitude) :
l’air qui a plu à l’équateur redescend, s’assèche → zones d’anticyclones permanents → grands déserts (Sahara, Arabie, etc.).Aux latitudes tempérées :
les masses d’air chaud et froid se rencontrent → perturbations régulières, fronts, pluies plus ou moins fréquentes selon la région.
Donc rien qu’avec la latitude :
certaines bandes de la planète sont naturellement très humides (tropiques humides, zones de mousson),
d’autres très sèches (déserts subtropicaux).
Mais ça ne suffit pas à expliquer pourquoi, à latitude comparable, certaines régions sont trempées et d’autres non. Là, on doit regarder le reste.
3. La distance à la mer : climat océanique vs continental
L’océan est la grande réserve d’humidité de la planète.
L’air qui passe au-dessus se charge en vapeur d’eau… et peut ensuite la lâcher sous forme de pluie.
3.1 Côtes exposées = régions souvent arrosées
Quand les vents dominants viennent de la mer :
l’air arrive humide sur les côtes,
il se soulève un peu (relief, frottement, fronts),
les nuages se forment → pluie fréquente, surtout en automne/hiver.
C’est typiquement le cas des régions à climat océanique :
côtes ouest des continents aux latitudes tempérées (en Europe de l’Ouest, par exemple).
3.2 Intérieur des continents = plus sec (souvent)
Plus on s’éloigne de la mer :
plus l’air a eu le temps de perdre son humidité en pluies successives,
plus il devient sec.
Résultat :
l’intérieur des continents est souvent plus sec, voire aride, que les façades maritimes.
Cela dit, l’intérieur peut connaître de forts orages d’été grâce au réchauffement du sol, mais la pluie annuelle totale peut rester plus faible.
4. Les montagnes : machines à pluie d’un côté, machines à sécheresse de l’autre
Le relief joue un rôle énorme. Une montagne, c’est comme un mur placé sur la trajectoire de l’air.
4.1 Effet de barrage : côté au vent = très humide
Quand l’air humide venant de la mer rencontre une montagne :
Il est forcé de monter le long de la pente.
En montant, il se refroidit.
La vapeur d’eau condense → nuages → pluie ou neige.
Résultat :
le côté au vent (face aux vents dominants) est souvent très arrosé,
avec parfois des quantités impressionnantes de précipitations.
4.2 Effet de foehn : côté sous le vent = sec
Une fois passé le sommet :
L’air redescend de l’autre côté.
En descendant, il se réchauffe et s’assèche.
Les nuages se dissipent → temps plus sec et plus doux.
On obtient un effet de “foehn” :
des versants très arrosés d’un côté, des vallées ou plateaux beaucoup plus secs de l’autre, parfois au point de créer des zones semi-désertiques.
C’est comme si la montagne “essorait” l’humidité d’un côté, laissant de l’air sec derrière.
5. Les courants océaniques et la mousson : la pluie au rythme des saisons
Les courants marins et les systèmes de vents saisonniers influencent aussi la fréquence des pluies.
5.1 Courants chauds vs courants froids
Un courant chaud au large :
réchauffe l’air au-dessus,
augmente l’évaporation,
donc alimente davantage les systèmes nuageux → plus de pluie possible sur les régions influencées.
Un courant froid :
limite l’évaporation,
favorise plutôt la stabilité de l’air,
peut maintenir un temps plus sec ou avec nuages bas et bruine, mais moins de grosses pluies.
5.2 Mousson : bascule saisonnière des vents
Dans certaines régions (sud et est de l’Asie, Afrique de l’Ouest, etc.), il existe un régime de mousson :
une partie de l’année, les vents viennent de l’intérieur des terres → air plus sec → saison sèche.
une autre partie de l’année, ils viennent de l’océan → air très humide → saison des pluies intenses.
Résultat :
sur l’année, le total de pluie peut être énorme, mais concentré en quelques mois, le reste de l’année étant beaucoup plus sec.
6. Instabilité et orages : pourquoi certaines zones prennent plus d’averses
Même à distance égale de la mer, certaines régions voient plus d’averses d’orage que d’autres.
6.1 Sols qui chauffent plus facilement
Un sol :
sombre (goudron, roche, sol nu),
sec,
ou situé dans une région très ensoleillée,
chauffe plus vite que :
un sol humide,
une forêt dense,
une surface d’eau.
Un sol qui chauffe fort :
réchauffe l’air juste au-dessus,
favorise l’air chaud qui monte (convection),
donc la formation de cumulus, puis de cumulonimbus (orages).
Certaines plaines intérieures, plateaux, zones urbaines, voient donc plus d’orages simplement parce que la convection thermique y est plus active.
6.2 Villes et îlots de chaleur
Les villes, avec leurs bâtiments, routes, toits sombres :
créent des îlots de chaleur urbains,
favorisent les ascendances locales,
et peuvent parfois initier ou renforcer des orages.
Ce n’est pas une règle absolue, mais dans certaines configurations, les lignes orageuses peuvent se réactiver en passant au-dessus des zones urbaines, augmentant la fréquence des averses.
7. Forêts, lacs, sols : microclimats humides ou secs
À plus petite échelle, le type de surface joue aussi un rôle :
Une forêt :
transpire beaucoup (évapotranspiration),
remet de l’humidité dans l’air,
peut favoriser la formation de nuages et d’averses locales.
Un grand lac :
est une source de vapeur d’eau,
peut déclencher des nuages et pluies sur les rives sous le vent (effet “lake effect”).
Des zones très sèches, désertiques :
renvoient beaucoup de chaleur,
mais avec très peu d’humidité disponible → ciel bleu, malgré la chaleur.
Tous ces éléments créent des microclimats où il pleut plus (ou moins) souvent que dans les zones voisines.
8. Pourquoi il pleut plus souvent ici que là… en résumé
Si on remet tout ensemble, il pleut plus souvent à certains endroits qu’à d’autres parce que :
Ils sont plus proches de grandes sources d’humidité (océans, mers chaudes, forêts, grands lacs).
Ils sont plus souvent soumis à des mécanismes qui font monter l’air :
relief (versant au vent),
fronts et perturbations fréquents,
convection thermique active (chaleur + humidité),
mousson.
Ils se situent dans des zones de circulation atmosphérique favorables aux pluies :
ceinture équatoriale,
régions de perturbations fréquentes aux latitudes tempérées.
Les montagnes peuvent concentrer la pluie d’un côté (au vent) et créer des ombres pluviométriques de l’autre côté (sous le vent).
Le type de surface (ville, forêt, désert, eau) influence localement l’humidité et la convection.
À l’inverse, il pleut moins souvent là où :
l’air est souvent sec (déserts, intérieurs continentaux, zones sous le vent de montagnes),
l’air est poussé à descendre (anticyclones persistants, subtropiques),
les sources d’humidité sont lointaines ou limitées.
En bref :
la fréquence de la pluie, c’est le résultat d’un grand compromis entre où vient l’air, ce qu’il a traversé, sur quoi il passe, et ce qui le force à monter.
Même si “il fait moche” peut sembler une fatalité locale, derrière, il y a une logique atmosphérique très précise.