1. Neige qui “tombe” vs neige qui “tient” : deux choses différentes
D’abord, il faut bien distinguer deux questions :
Est-ce qu’il peut neiger ?
→ ça dépend surtout du profil de température dans la colonne d’air entre le nuage et le sol.Est-ce que la neige va rester au sol ?
→ ça dépend surtout de la température et de l’état du sol (et de ce qu’il y a juste au-dessus).
Tu peux donc très bien avoir :
de la neige qui tombe,
mais qui fond immédiatement au contact du sol trop chaud :
→ impression qu’“il a neigé sans neiger”.
À l’inverse :
une neige parfois faible peut “tenir” très bien si le sol est déjà froid ou gelé.
2. Le rôle déterminant de la température du sol
On a tendance à ne regarder que la température de l’air (“il fait 0 °C, donc ça doit tenir”).
Mais la neige se pose sur… le sol, pas sur le thermomètre 😄
2.1 Sol chaud = neige qui fond
Si, les jours précédents :
il a fait doux,
le sol a été réchauffé (par le soleil, la douceur, la pluie douce),
alors la température du sol peut être :
bien supérieure à 0 °C,
même si l’air vient juste de descendre vers 0 °C ou légèrement en dessous.
Dans ce cas :
les premiers flocons qui arrivent fondent en touchant le sol,
la neige se transforme en mouillure,
voire en mélange neige fondue / pluie,
tu as l’impression que ça ne “prend pas”.
Tant que le sol n’a pas eu le temps de refroidir suffisamment, la neige ne tient pas.
2.2 Sol froid ou gelé = neige qui s’accroche
À l’inverse, si :
plusieurs jours de froid,
voire des nuits avec gel,
peu ou pas de soleil,
le sol est déjà froid ou même gelé (température sous 0 °C).
Dans ce cas :
dès que les flocons arrivent, ils fondent beaucoup moins,
ils peuvent s’accumuler rapidement,
même si la température de l’air est parfois de 0 °C ou +1 °C.
C’est pour ça qu’on voit parfois :
de la neige qui tombe et tient bien,
alors qu’il ne fait pas spécialement “très froid” dehors au moment de l’épisode.
3. L’intensité des chutes de neige : la “force de l’attaque”
Imaginons deux situations :
Une petite neige fine, intermittente, pendant 20 minutes.
Une averse de neige intense, flocons serrés, pendant une heure.
Même avec la même température au sol, le résultat peut être totalement différent.
3.1 Faible intensité = la neige a le temps de fondre
Si la neige tombe faiblement :
chaque flocon :
arrive isolé,
fond partiellement au contact du sol,
l’eau liquide résiduelle a le temps de réchauffer un peu le sol.
Résultat :
la petite couche qui se forme est vite rincée,
la neige ne tient pas, ou une simple trace apparaît sur l’herbe,
la route reste mostly humide.
3.2 Averse forte = la neige refroidit le sol
Dans une forte averse de neige :
beaucoup de flocons arrivent en même temps,
même si une partie fond au début,
cette fonte absorbe de la chaleur au sol (comme quand tu mets un glaçon dans un verre : ça refroidit le liquide).
Petit à petit :
le sol se refroidit à cause de la fonte de ces premiers flocons,
puis les flocons suivants fondent moins,
et finissent par s’accumuler.
C’est ce qu’on observe souvent :
“Au début, ça ne tenait pas, puis en 20 minutes tout est devenu blanc.”
La neige s’auto-aide à tenir en refroidissant le sol par sa propre fonte.
On parle parfois d’effet isotherme.
4. Heure de la journée et rayonnement : neige le matin vs neige en journée
4.1 La nuit et tôt le matin : conditions plus favorables
La nuit :
le sol perd de la chaleur vers le ciel,
il se refroidit, surtout si le ciel est dégagé,
il fait souvent plus froid près du sol qu’en pleine journée.
Si la neige arrive tôt le matin :
le sol est déjà plus froid,
l’absence de soleil empêche la fonte,
la neige a plus de chances de tenir.
4.2 En journée : le soleil complique la tâche
En journée, même avec un ciel couvert :
la lumière diffuse et la douceur relative peuvent suffire à garder le sol un peu plus chaud,
si le soleil est présent (même en plein hiver), il réchauffe :
routes sombres,
trottoirs,
toitures.
Du coup :
la neige qui tombe vers 10–14 h fond plus facilement,
surtout sur les surfaces qui absorbent bien le rayonnement (goudron, tuiles foncées, etc.).
5. Type de surface : herbe, goudron, ville, campagne
Toutes les surfaces n’ont pas la même capacité à accumuler ou perdre de la chaleur.
5.1 Sur l’herbe ou les sols naturels
Les sols naturels, surtout s’ils sont humides et froids,
se refroidissent assez vite,
peuvent geler en surface.
La neige :
y tient souvent plus facilement,
même quand les routes restent noires.
C’est pour ça qu’on voit parfois :
des champs blancs,
mais des routes encore dégagées (au moins au début).
5.2 Sur le goudron et les trottoirs
Les surfaces sombres (goudron, pavés foncés) :
absorbent très bien la chaleur du soleil,
ont parfois accumulé de la chaleur les jours précédents,
surtout en ville (effet d’îlot de chaleur urbain).
La neige qui tombe :
doit d’abord “refroidir” cette masse chaude,
fond plus longtemps avant de réussir à s’accrocher,
peut “tenir” d’abord sur les bas-côtés, les bandes blanches, les trottoirs à l’ombre.
5.3 Ville vs campagne
En ville :
bâtiment, circulation, chauffage, structures bétonnées → tout contribue à garder un environnement un peu plus doux,
la neige y tient souvent moins bien et moins longtemps.
À la campagne :
plus de surfaces naturelles,
moins d’émissions de chaleur,
moins d’îlot de chaleur urbain,
la neige tient en général mieux à conditions égales.
6. Humidité, vent et type de neige
6.1 Neige froide et poudreuse
Par temps bien froid et sec :
les flocons sont souvent plus secs,
la neige est poudreuse,
elle tient très bien sur les surfaces froides (mais peut être facilement soufflée).
6.2 Neige lourde et humide
Par temps proche de 0 °C :
la neige est plus humide (flocons mouillés, parfois collants),
elle tient parfois très bien sur l’herbe,
mais peut fondre vite sur des surfaces un peu chaudes.
Le vent joue aussi :
un vent douceâtre peut amener de l’air plus chaud et faire fondre plus vite,
un vent froid peut au contraire aider la neige à tenir en refroidissant les surfaces.
7. Deux scénarios pour illustrer
Scénario A : “Il neige mais ça ne tient pas”
Il a fait doux les jours précédents.
La température de l’air est autour de 0 / +1 °C.
Le sol est encore bien chargé en chaleur.
La neige tombe faiblement.
Résultat :
Les flocons fondent au contact du sol,
la neige se transforme en eau,
quelques traces blanches sur l’herbe, routes simplement mouillées.
Scénario B : “Il neige et tout blanchit vite”
Plusieurs jours de temps froid, parfois déjà du gel.
La température de l’air est de -1 à 0 °C.
Le sol est froid, voire gelé, surtout la nuit ou tôt le matin.
Une forte averse de neige arrive, flocons nombreux.
Résultat :
Les premiers flocons fondent peu, refroidissent encore le sol,
très vite la neige s’accumule,
herbe, toits, voitures, puis routes blanchissent.
8. En résumé
Pour répondre clairement à :
“Pourquoi la neige tient-elle au sol certains jours et pas d’autres ?”
Parce que ce n’est pas seulement une histoire de “il neige” ou “il ne neige pas”, mais un équilibre thermique entre :
la température du sol,
la température de l’air,
l’intensité de la chute de neige,
l’heure de la journée,
le type de surface (ville/campagne, herbe/goudron),
l’historique météo des heures/jours précédents.
En pratique :
Si le sol est froid ou gelé,
si la neige tombe assez fort,
si le soleil n’est pas là pour réchauffer,
la neige a de bonnes chances de tenir.
Au contraire :
sol encore chaud,
petites chutes faibles,
temps de journée avec un peu de douceur,
et tu obtiens de la neige qui tombe… mais qui disparaît tout de suite.
En bref :
ce qui décide si la neige “tient” ou non, ce n’est pas seulement ce qui tombe du ciel,
c’est surtout l’état du sol et la façon dont la neige interagit avec lui, flocon après flocon.