1. Rappel rapide : un éclair, c’est quoi ?
Pendant un orage, le nuage d’orage (cumulonimbus) se charge en électricité :
le haut du nuage devient plutôt positif,
le bas plutôt négatif,
le sol sous le nuage réagit et se charge en sens inverse,
parfois, d’autres nuages autour sont chargés différemment.
À un moment, le déséquilibre de charges devient tellement fort que l’air — normalement isolant — ne tient plus.
L’atmosphère “craque” :
➡️ une décharge électrique se produit.
Cette décharge :
chauffe l’air du canal à une température énorme,
le canal devient lumineux → c’est l’éclair,
l’air explose et se dilate → c’est le tonnerre.
La différence entre les types d’éclairs, ce n’est pas le mécanisme, c’est où se trouve cette décharge :
à l’intérieur du même nuage,
entre un nuage et le sol,
ou entre deux nuages / deux zones de charges distinctes.
2. L’éclair intranuageux : le plus fréquent… mais pas toujours le plus spectaculaire
2.1 Définition
Un éclair intranuageux (ou intra-nuage) est une décharge électrique qui se produit entièrement à l’intérieur d’un même nuage d’orage.
Il relie deux zones de charges opposées à l’intérieur du cumulonimbus :
par exemple, une zone fortement négative dans la partie basse,
avec une zone positive plus en hauteur ou latéralement dans le nuage.
On ne voit donc pas de “trait” qui descend jusqu’au sol.
La décharge reste confinée dans la masse nuageuse.
2.2 Ce qu’on voit à l’œil nu
Depuis le sol, un éclair intranuageux se traduit souvent par :
un grand flash qui éclaire tout ou partie du nuage,
parfois des ramifications internes visibles si le nuage n’est pas trop opaque,
l’impression que “le nuage s’allume de l’intérieur”.
C’est souvent ce qu’on observe :
lorsqu’on est un peu loin de l’orage,
ou quand on voit juste le sommet du cumulonimbus la nuit.
On parle parfois de :
“éclairs en nappes”,
ou “éclairs qui illuminent le ciel” sans trait net vers le sol.
2.3 Fréquence et danger
Les éclairs intranuageux sont les plus nombreux de tous les éclairs.
Pour la sécurité au sol, ils sont moins dangereux que les éclairs nuage-sol,
mais ils indiquent qu’il y a une forte activité électrique dans le nuage,
et qu’il peut très bien y avoir, en parallèle ou ensuite, des éclairs qui toucheront le sol.
En résumé :
éclair intranuageux = décharge à l’intérieur du nuage,
que tu vois comme un “flash” interne, sans impact direct au sol.
3. L’éclair nuage-sol : la foudre “classique” qui frappe le sol
3.1 Définition
Un éclair nuage-sol est une décharge entre :
la base du nuage (souvent chargée négativement),
et le sol (qui se charge alors positivement par influence),
ou l’inverse dans certains cas (foudre positive, plus rare mais parfois plus intense).
C’est ce type d’éclair qu’on appelle couramment la foudre :
la foudre = éclair qui touche le sol.
3.2 Comment ça se forme, en gros ?
Sans entrer dans tous les détails :
Un traceur descendant (un canal ionisé) part du nuage vers le sol, en zigzag,
Quand il s’approche suffisamment du sol, des traceurs ascendants partent d’objets élevés (arbres, bâtiments, antennes…),
La connexion se fait :
→ une décharge de retour remonte du sol vers le nuage, très lumineuse,
→ c’est cette décharge qu’on perçoit comme le trait intense de foudre.
Il peut y avoir plusieurs “allers-retours” très rapides dans le même canal, ce qui donne à l’éclair un aspect palpitant ou scintillant.
3.3 Ce qu’on voit à l’œil nu
L’éclair nuage-sol, c’est le “grand classique” :
un trait lumineux qui semble partir du nuage vers le sol,
parfois très ramifié,
parfois presque rectiligne,
très intense, accompagné souvent d’un tonnerre sec et fort quand il est proche.
C’est ce type d’éclair qui peut :
frapper un arbre, un bâtiment, un champ, une personne,
causer des dégâts, des incendies, des électrocutions.
3.4 Danger
C’est le type de décharge :
le plus dangereux pour les personnes, les animaux et les infrastructures,
celui qu’on surveille le plus dans les réseaux de détection de foudre.
Tous les éclairs ne sont pas des foudres,
mais toutes les foudres sont des éclairs nuage-sol (ou sol-nuage, si on parle du sens du courant).
4. L’éclair nuage-nuage : la décharge entre deux nuages
4.1 Définition
Un éclair nuage-nuage (ou nuage-nuage) se produit :
entre deux nuages différents,
ou entre deux systèmes nuageux à proximité,
dès lors qu’ils portent des charges opposées.
Les deux nuages jouent alors les rôles de “borne + et borne –” du système.
On peut aussi considérer comme nuage-nuage certaines décharges entre :
deux parties éloignées d’un même vaste système,
mais qui ne se situent plus dans le même “cœur” d’orage.
4.2 Ce qu’on voit à l’œil nu
Depuis le sol, les éclairs nuage-nuage peuvent :
apparaître comme des arcs lumineux horizontaux,
traverser une partie du ciel entre deux masses nuageuses,
parfois se dessiner assez clairement lorsqu’ils passent dans une zone où le ciel est moins dense.
Parfois, tu peux voir :
un éclair qui ne semble ni descendre au sol,
ni rester juste dans un seul “bloc” de nuage,
mais qui relie visuellement deux zones nuageuses distinctes → typiquement nuage-nuage.
4.3 Danger
Comme les éclairs intranuageux :
ils sont surtout dangereux indirectement,
car ils indiquent une forte activité électrique dans l’atmosphère,
mais ils ne frappent pas le sol directement.
Par contre :
s’il y a beaucoup d’éclairs nuage-nuage,
il peut aussi y avoir dans la même zone des éclairs nuage-sol,
donc la prudence reste de mise.
5. Et les éclairs “nuage-air” ?
On parle parfois aussi d’éclairs nuage-air :
ce sont des décharges entre un nuage et une zone de l’atmosphère sans nuage visible,
autrement dit, entre le nuage et l’air environnant, chargé de manière opposée.
À l’œil nu, ce n’est pas toujours facile à distinguer d’un éclair intranuageux ou nuage-nuage :
tu peux voir un trait qui part du nuage et semble se perdre dans le vide,
sans toucher le sol, ni un autre nuage évident.
Dans la plupart des explications grand public, on se concentre surtout sur :
intra-nuage,
nuage-sol,
nuage-nuage.
6. Résumé : intranuageux, nuage-sol, nuage-nuage
On peut résumer les trois grandes familles ainsi :
6.1 Éclair intranuageux
Où ?
À l’intérieur d’un même nuage d’orage.Ce qu’on voit :
Un flash interne, un éclair qui éclaire le nuage, parfois avec des ramifications visibles à l’intérieur.Danger :
Pas d’impact direct au sol, mais signe d’une forte activité électrique.
6.2 Éclair nuage-sol (foudre)
Où ?
Entre la base du nuage et le sol.Ce qu’on voit :
Un trait lumineux (parfois multiple et ramifié) qui descend jusqu’au sol.Danger :
Très élevé :risques pour les personnes (électrocution, brûlures),
risques d’incendies,
dégâts sur les bâtiments, réseaux, arbres.
C’est ce qu’on appelle vraiment la foudre.
6.3 Éclair nuage-nuage
Où ?
Entre deux nuages ou deux régions nuageuses distinctes.Ce qu’on voit :
Des arcs lumineux qui traversent le ciel entre deux masses nuageuses,
sans “toucher le sol”.Danger :
Faible directement au sol, mais indique un environnement fortement électrisé, souvent associé à des orages actifs.
7. Pourquoi c’est intéressant de faire la différence ?
Comprendre ces distinctions, ce n’est pas seulement du vocabulaire :
Ça aide à mieux observer le ciel :
tu peux te dire “là, j’ai surtout des éclairs intranuageux, mais ça reste orageux”.C’est utile pour parler de sécurité :
un ciel plein de flashes intranuageux n’est pas “sans danger”, car des coups de foudre nuage-sol peuvent se produire à côté ou plus tard.C’est important pour les météorologues et les réseaux de détection de foudre, qui distinguent :
les éclairs nuage-sol (les plus dangereux au sol),
et les éclairs intra-nuage / nuage-nuage (très utiles pour suivre l’intensité et l’évolution des orages).
En résumé :
Tous les éclairs sont des décharges électriques dans l’atmosphère,
mais selon qu’ils restent dans le nuage,
qu’ils relient deux nuages,
ou qu’ils frappent le sol,
leurs effets et leur danger pour nous ne sont pas les mêmes.