1. Une anomalie, c’est un “écart par rapport à la normale”
1.1 La formule de base
Pour n’importe quelle variable (température, pluie…), on peut écrire :
Anomalie = Valeur observée – Valeur “normale”
Si le résultat est positif → on parle d’anomalie positive
(plus chaud / plus de pluie que la normale)Si le résultat est négatif → anomalie négative
(plus froid / moins de pluie que la normale)
Exemple simple avec la température :
Normale de la température moyenne d’un mois de mai : 15 °C
Cette année, la température moyenne de mai : 18 °C
Alors :
Anomalie = 18 – 15 = +3 °C
→ Mai a été 3 °C plus chaud que la normale.
Même chose pour la pluie :
Normale de pluie en octobre : 70 mm
Cette année, il tombe 35 mm
Alors :
Anomalie = 35 – 70 = –35 mm
→ Octobre a été beaucoup plus sec que la normale, avec un déficit de 35 mm.
2. “Normale” par rapport à quoi exactement ?
On ne compare pas à “un idéal théorique”, mais à une moyenne statistique calculée sur une période de référence, souvent 30 ans, comme on l’a vu avec les “normales climatiques”.
Par exemple :
Période de référence : 1991–2020
Pour chaque mois (janvier, février, mars…), on calcule la moyenne des températures et des pluies sur ces 30 ans.
Ces valeurs deviennent les “normales”.
Donc, quand on dit :
“Cette semaine est 2 °C au-dessus des normales”
On veut dire :
“2 °C au-dessus de la moyenne observée à cette période de l’année sur la période de référence (par exemple 1991–2020), pour cette station ou cette région.”
Si on change la période de référence (par exemple, un jour on passera à 2001–2030), les normales bougeront, donc les anomalies aussi.
3. Anomalie de température : comment ça se lit ?
3.1 En degrés : “+2 °C, -3 °C…”
Pour la température, les anomalies sont souvent exprimées en degrés (°C) :
+1 °C : un peu plus chaud que la normale
+3 à +4 °C : franchement plus chaud que la normale
-2 à -3 °C : nettement plus froid
On peut calculer des anomalies :
sur un jour (mais ce n’est pas très utilisé pour le climat),
sur un mois,
sur une saison (hiver, été…),
sur une année,
sur une période plus longue (par ex. 10 ans).
Plus la période est longue, plus l’anomalie donne une idée de tendance de fond.
3.2 Exemple concret
Imaginons :
Normale de la température moyenne de janvier dans une ville : 3 °C
Janvier 2025 : température moyenne observée : 6,5 °C
Alors :
Anomalie = 6,5 – 3 = +3,5 °C
Ce mois de janvier a donc été très doux, largement au-dessus de ce qu’on attend habituellement.
Si, au contraire :
Janvier 2026 : moyenne de 0 °C
Anomalie :
0 – 3 = –3 °C
On dirait alors : “Janvier 2026 a été 3 °C plus froid que la normale”.
4. Anomalie de précipitation : mm ou % ?
Les anomalies de pluie peuvent s’exprimer de deux façons principales :
4.1 En millimètres (mm)
Même principe qu’avant :
Normale de pluie en mars : 60 mm
Mars de cette année : 90 mm
Anomalie = 90 – 60 = +30 mm
→ On a reçu 30 mm de pluie en plus que d’habitude.
4.2 En pourcentage
Souvent, pour la pluie, on préfère parler en % de la normale, car c’est plus parlant :
% = (Pluie observée / Pluie normale) × 100
Avec l’exemple ci-dessus :
(90 / 60) × 100 = 150 % de la normale
On dirait alors :
“Pluviométrie excédentaire de 50 %”,
ou “On a reçu une fois et demie la quantité de pluie normale pour un mois de mars.”
Si au contraire :
Pluie observée : 30 mm
Normale : 60 mm
Alors :
(30 / 60) × 100 = 50 %
→ “Pluie déficitaire de 50 % par rapport à la normale.”
Les services météo utilisent souvent des termes comme :
“proche de la normale” (autour de 90–110 %),
“légèrement excédentaire / déficitaire”,
“très excédentaire / très déficitaire” pour les écarts plus importants.
5. Pourquoi les anomalies sont-elles si importantes ?
Les anomalies permettent de répondre à des questions simples mais essentielles :
“Ce mois-ci a-t-il été plus chaud ou plus froid que d’habitude ?”
“Cet été a-t-il été exceptionnellement sec ?”
“Les dernières années sont-elles plus chaudes que les décennies passées ?”
5.1 Pour le suivi du climat
Sur le long terme, les anomalies de température montrent très bien le réchauffement climatique :
si on trace, année après année, l’anomalie de température globale (par rapport à une période de référence),
on voit apparaître une tendance vers des valeurs de plus en plus positives.
Même chose à l’échelle d’un pays ou d’une région :
on peut dire que telle décennie a été +1 °C plus chaude que la normale d’une période ancienne,
ou que les années récentes présentent beaucoup plus de mois avec anomalies positives que de mois négatifs.
5.2 Pour la gestion de l’eau, de l’agriculture, etc.
Les anomalies de pluie sont cruciales pour :
l’agriculture (périodes de sécheresse ou d’excès d’eau),
la gestion des réserves d’eau,
les risques de sécheresse, de feux de forêt, de crues, etc.
Un hiver ou un printemps très déficitaire en pluie (anomalie fortement négative) peut :
annoncer des problèmes de sécheresse pour l’été,
impacter les nappes phréatiques, les rivières, les récoltes.
6. Anomalies locales vs globales
Les anomalies peuvent être calculées :
pour une station (un point précis),
pour une région,
pour un pays,
pour la planète entière (anomalie de température globale).
6.1 Anomalie locale
Exemple :
“À Bruxelles, l’anomalie de température moyenne de ce mois est de +2 °C.”
C’est très concret pour les habitants de la ville, mais ça ne dit rien sur le reste du monde.
6.2 Anomalie globale
Quand on entend :
“La température moyenne globale a été de +1,3 °C au-dessus de la période de référence”
Cela signifie qu’on a :
combiné les données de milliers de stations, de satellites, de navires, de bouées, etc.,
calculé une moyenne mondiale,
puis l’écart avec une période de référence (par exemple 1850–1900 ou 1991–2020).
C’est ce type d’anomalie qui permet de mesurer le réchauffement climatique à l’échelle du globe.
7. Attention : une anomalie ne dit pas tout toute seule
Quelques points de prudence :
7.1 Anomalie forte ≠ forcément catastrophe immédiate
Un mois à +3 °C d’anomalie, c’est :
beaucoup en climatologie,
mais ça ne veut pas dire que chaque jour a été caniculaire.
L’anomalie est une moyenne :
on peut avoir eu quelques jours très chauds qui tirent la moyenne vers le haut,
ou un mois globalement doux sans froid marqué.
Même chose pour la pluie :
un mois avec un excédent de 50 mm peut correspondre à :
un épisode très pluvieux sur quelques jours,
ou à des pluies régulières sur tout le mois.
7.2 Positif ou négatif ≠ bon ou mauvais
Anomalie de température positive (plus chaud) peut être agréable… ou problématique (canicule, manque de neige en montagne, etc.).
Anomalie de pluie positive (plus de pluie) peut être bénéfique pour recharger les nappes… ou générer des inondations.
Les anomalies sont des indicateurs :
il faut les relier aux impacts pour juger si c’est “bon” ou “mauvais”.
8. Comment expliquer ça simplement au grand public ?
Quelques phrases clés faciles à réutiliser :
“Une anomalie de température, c’est l’écart entre la température observée et la température moyenne à cette période de l’année.”
“Si on dit +2 °C d’anomalie, cela veut dire qu’il a fait en moyenne 2 °C de plus que la normale pour cette période.”
“Pour la pluie, une anomalie positive signifie plus de pluie que d’habitude, une anomalie négative signifie un déficit.”
“Les anomalies calculées sur 30 ans ou plus permettent de suivre l’évolution du climat, pas seulement la météo d’un jour.”
En résumé
Pour répondre à :
“Qu’est-ce qu’une anomalie de température ou de précipitation ?”
Une anomalie, c’est l’écart entre ce qu’on mesure (température, pluie…) et une valeur normale calculée sur une période de référence (souvent 30 ans).
Pour la température :
anomalie = température observée – température normale,
exprimée en °C,
positive → plus chaud que la normale,
négative → plus froid que la normale.
Pour la pluie :
anomalie = pluie observée – pluie normale (en mm),
ou en % de la normale (déficit ou excédent),
positive → mois/année plus humide,
négative → plus sec.
Les anomalies se calculent :
pour un mois, une saison, une année,
pour une station, une région, un pays ou même le globe.
Elles servent à :
comparer la météo du moment à ce qui est habituel,
suivre et quantifier le changement climatique,
évaluer les risques (sécheresse, excès de pluie, chaleur, etc.).
En bref :
une anomalie de température ou de précipitation, c’est la façon dont on mesure à quel point le temps d’un mois ou d’une année s’écarte de ce qu’on considère comme “normal” dans le climat d’une région.